Paroles de Poilus
Lettres et carnets du front
Hiver 1916
Nous sommes dans l' Aube.
L' aube des mauvais jours. Il neige. Il fait froid. Triste retour de permission. Les permissions, ça ne devrait pas être. Se retremper dans la vie qui devrait être notre vie; vie que nous devrions avoir oublier à jamais, vie retrouvée quelques heures et qui nous laisse un horrible cauchemar qu' on appelle le cafard. C' est la gaieté qui disparaît, l' énergie annulée, la vie sans espoir. Vivre pour souffrir. Les heures passent mornes, sans laisser voir un jour meilleur, ni proche ni même lointain. Il fait froid, nous pataugeons dans la neige fondue. Pas de feu, pas de table pour écrire, pas de banc. Rien, pas même les tuiles qui nous abritent, ne nous sembe hospitalier. Le tas de blé oû je me couche et oû j' écris caché à la lueur d' une lampe faite ce soir d' une boîte à sardines trouvée dans la boue du chemin. . .
Marcel Soutif
Hiver 1916
Nous sommes dans l' Aube.
L' aube des mauvais jours. Il neige. Il fait froid. Triste retour de permission. Les permissions, ça ne devrait pas être. Se retremper dans la vie qui devrait être notre vie; vie que nous devrions avoir oublier à jamais, vie retrouvée quelques heures et qui nous laisse un horrible cauchemar qu' on appelle le cafard. C' est la gaieté qui disparaît, l' énergie annulée, la vie sans espoir. Vivre pour souffrir. Les heures passent mornes, sans laisser voir un jour meilleur, ni proche ni même lointain. Il fait froid, nous pataugeons dans la neige fondue. Pas de feu, pas de table pour écrire, pas de banc. Rien, pas même les tuiles qui nous abritent, ne nous sembe hospitalier. Le tas de blé oû je me couche et oû j' écris caché à la lueur d' une lampe faite ce soir d' une boîte à sardines trouvée dans la boue du chemin. . .
Marcel Soutif