Une folle réunion..

Publié le par Muriel

 

     Cette après-midi je suis allée avec mon patron à une réunion du comité d'’un de nos clients. ça sonne ennuyeux, et croyez-moi, ça l’est. En fait, le but de cette réunion est d'’améliorer le site internet que nous avons crée, mais 90% des propos échangés portent sur des choses que ces membres doivent faire eux-même, avant que nous, l'’entreprise de web design, modifiions le design du site. Notre présence est nécessaire, mais nous n' intervenons que pour explorer les possibilités de nouveaux développements, et accepter les changements requis.

     La réunion s'’est déroulée dans une salle plus petite que celle qu'’on utilise d'’habitude, parce que l'’une des intervenantes était à moitié sourde à cause d'’une infection de l'’oreille. Sont présents tous les membres du comité, des gens importants, et conscients de leur importance, mais au final plutôt gentils.

     Donc, vous l'’avez compris, la difficulté principale de cette réunion, c’'est bien de rester éveillé.

Au début, mon esprit est alerte, je prends des notes et écoute les différentes interventions avec attention. Au bout d’un moment, une douce torpeur vient s'’emparer de mon cerveau, aidée par la chaleur ambiante qui règne dans la salle. Je suis toujours attentive mais les paroles échangées n'’ont plus aucun sens. Je perçois une suite de mots, les intonations calmes, et je m' ’efforce de sourire quand on sourit, de ’hocher la tête quand on me regarde, et de toujours la tourner vers la personne qui parle. Mais de cette mélopée monotone, je ne comprends rien.

     Au bout d’un moment, malgré mes tentatives de rester éveillée en multipliant les gorgées d'’eau gazeuse, je commence à avoir sommeil. Je rêve d’un lit pliant installé dans cette salle même, qui me permettrait de me reposer, tout en étant présente..Mes paupières sont lourdes, mais je m'’applique à ne pas laisser mes yeux regarder dans le vague..toujours regarder la personne intervenante, toujours tourner la tête, toujours rire avec les autres et hocher poliment la tête. J’ai de la chance, on ne me pose pas de questions, c'’est à mon boss qu'’on s'’adresse. Et je vois bien qu'’il a, lui aussi du mal à rester éveillé. Je vois dans son sourire crispé, qu'’il est également ailleurs, et qu'’il ne saisit que quelques mots parmis tout ce qui se dit dans cette réunion. A une question qu'’on lui pose au détour d’un sujet, il répond à côté en rougissant. Bien sur ça sonne juste aux oreilles inexpérimentées de nos clients, mais je ne m'’y trompe pas.

 

    Au bout d’un moment, je reprends vie. La torpeur me quitte. Je me mets à observer les gens autour de moi. Ils sont si polis, si fidèles au rôle qu'’ils doivent jouer dans cette réunion, et dans la société. Je me demande quels étaient leurs rêves quand ils étaient enfants, et ce qu'’ils auraient pensé d'’eux-mêmes si on leur avait montré quelles personnes sérieuses et grises ils allaient devenir.
    

    J’'imagine des scènes amusantes, histoire d'’occuper mon esprit.
Que se passerait-t-il si d’un coup je me levais, prenais une bouteille d'’eau et déclarais à la cantonade : ‘qui veut de l'’eau’ ?
    Ou si je me mettais à rigoler hystériquement et interminablement, interrompant la réunion. J’'imagine leurs sourires génés, leurs regards interloqués, leur panique…

     Je mangerais bien pour me donner de l'’énergie. Il y a au milieu de la table un plat de mini-sandwichs frais, rien que pour nous. J'’aimerais vraiment manger, mais je ne peux pas.
     Comment combiner cet acte grossier qu'’est celui de manger, aux extrèmes civilités de la réunion ?
Prendre une bouchée, c'’est déjà délicat..et si je laisse glisser un bout de salade ou pire, fais déborder la mayonnaise de mon sandwich ?
     Et puis il y a la mastication, qui peut prendre plus longtemps que prévu, et me mettre dans une situation embarrassante si on m'’adresse la parole. Et si je mastique pendant trop longtemps, je risque d'’attirer l’'attention sur moi !
     L’'opération la plus périlleuse, est de loin la déglutition ! Non mais imaginez! comble de l'’horreur, une déglutition bruyante, au milieu des considérations polies d’'un des intervenants ? Je ne peux pas risquer cela. Je préfère regarder les sandwich et imaginer quel goût ils ont.


    Et puis, la réunion prend fin. J’ai appris les leçons de la dernière réunion, pendant laquelle j'’étais dans un tel état de torpeur, que, quand la secrétaire présente, m'’a demandé si j’avais noté la date de la prochaine réunion, je n'’ai su que la regarder béâtement.

    J’'écoute ce qui se dit jusqu'à la conclusion et je salue poliment les membres du comite avant de partir, précédée de mon boss.

     Je me suis bien tenue, j'’en suis fière, prochain meeting, dans deux mois…

 

Publié dans Journal

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M
Moi aussi j'ai rigole en l'ecrivant :-)<br /> Sinon ca va Rachel, quoi de neuf?
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R
Ton article ma a faait plier de rire.<br />
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M
Hihi, merci, du courage, j'en ai besoin!<br /> Bisous
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G
Très amusant,j' ai bien ri, c'est incroyable tout ce qui te passe par la tête,tu as l'imagination fertile,ce qui te permet de surmonter ce qui est deplaisant.<br /> En tous cas bon courage pour les prochaines réunions.
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M
:-) ton tour viendra peut-etre!!
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